La troisième bataille d’Alésia

Bon.

Vous le savez tous, j’ai mes marottes, mes obsessions, mes lubies. Dans le long inventaire de celles-ci, on trouve Lorànt Deutsch et les pseudo-historiens en général, et aussi le « débat » sur la bataille d’Alésia et sa localisation. Vous allez me dire « qu’est-ce que je peux bien en avoir à foutre de cette question ? », et vous avez raison. Qu’est-ce que vous pouvez bien en avoir à foutre ? Et bien, c’est peut-être difficile à imaginer mais ce cas est un cas parmi d’autres de la nuisance que peuvent produire les médias grands publics sur le savoir commun, la diffusion de celui-ci, polluant ainsi les artisans sincères de la vulgarisation scientifique et leur audience. Autre élément notoire quand on s’intéresse aux usages politiques de l’histoire : au coeur de ce débat, il y a de subtils points d’achoppement avec le débat sur le roman national. Déconstruire le mythe des contre-Alésiae est donc aussi une oeuvre de neutralisation politique du récit historique trop souvent utilisé et usé par les discours politiciens. Vous vous êtes donc toujours / parfois / jamais demandé pourquoi est-ce qu’on faisait tout un flan autour de la localisation d’Alésia (jusque dans Astérix hein) ? Essai de réponse dans ce billet, qui sera une sorte d’exercice de méthode.

A l’été 2016, pour occuper mes dernières soirées en Italie où j’étais pour étudier du matériel, j’ai décidé de faire un peu de ménage sur Wikipédia. Pourquoi 1) faire du ménage ? 2) sur Wikipédia ?

Premièrement faire du ménage, ça veut simplement dire : supprimer du contenu non-encyclopédique, qui ne respecte ni la neutralité du point de vue, ni l’absence de ton promotionnel requis par Wiki, ni le sourçage secondaire des informations, ni le refus du « Point Of View Pushing » (POV-P ; POV pushing, etc.). Wikipédia a des règles bien précises de collaboration et quand elles ne sont pas respectées, ça devient vite le bordel. Et surtout, cela corrompt le projet et la qualité de son contenu de manière inadmissible.

Sur Wikipédia pourquoi ? Parce que l’essentiel des théoriciens du complot sur Alésia, des partisans des alter-Alésiae (dans le Jura notamment), officient non pas dans des revues à comité de lecture ou dans des publications scientifiques reconnues, mais dans des blogs obscurs produits par des associations faisant la promotion d’autres sites et sur Wikipédia en récupérant le contenu desdits blogs pour les copier-coller sur l’encyclopédie pour donner une pseudo-apparence de scientificité à tout ça. Bref, des charlatans et des charlatans qui mettent sur un pied d’égalité, sans hiérarchie aucune de l’information scientifique, des fouilles menées depuis 150 ans à Alise Sainte Reine avec des sites théoriques étant au choix complètement fantaisistes, « potentiels » mais vérifiés comme faux, ou tout simplement en partie fouillés mais incomparables avec la somme des arguments et des découvertes faites à Alise Sainte Reine. En bref, la plupart des partisans de ces autres Alésia font tantôt semblant d’ignorer le dossier documentaire, tantôt semblant d’ignorer la méthode historique moderne. Parfois, même, ils en viennent à ériger leur démarche comme archétype d’une méthode novatrice censée infirmer l’identification qu’ils appellent « officielle », alors qu’ils ne font que procéder comme de vagues érudits du XVIIIe siècle.

Un bref résumé du problème s’impose donc : je vais essayer de rassembler ici, sans avoir la prétention d’atteindre le niveau de publications plus complètes, les tenants et aboutissants du sujet, l’histoire de celui-ci, et surtout, l’état des données scientifiques. Ce billet de blog est à charge, il ne s’en cache pas, mais il sera globalement étayé, ce qui a le mérite d’être déjà mieux que la plupart des théoriciens « anti-Alise ».

Jingle.

La bataille d’Alésia fait partie de ces événements marquants dans l’histoire antique et elle a fortement imprimé sa marque sur l’historiographie nationale française, surtout – forcément – à partir du XIXe siècle, époque durant laquelle émergent en vrac le nationalisme, le roman national, la recherche des origines de la nation, etc. Pour la section « histoire de l’histoire », se référer à *plein de gens* qui ont écrit sur ça.

Cet affrontement, gigantesque, marque classiquement la fin de l’époque de l’indépendance de « la Gaule » (en réalité, des peuples celtiques contenus dans les frontières dessinées par le territoire capturé par César) et entérine le contrôle romain d’une région qui était cependant fortement empreinte de la marque de Rome depuis plus d’un demi-siècle : en effet, les défaites celtiques des années 120 avant notre ère avaient porté un coup dur aux « Gaulois », marquant la conquête du sud de la France (devenue Gaule Transalpine puis Gaule Narbonnaise) ; une part non négligeable des peuples celtiques était donc rentrée dans l’orbite de Rome, par des traités de paix, d’alliance militaire, voire des relations de clientèles.

Cette bataille, marquant la défaite des coalisés de Vercingétorix, fut donc au XIXe siècle au cœur des problématiques de définition de l’identité nationale et de recherche des origines de la nation française. On faisait ainsi de Vercingétorix le « premier des Français » et de ses troupes la première trace de la nation assemblée pour son indépendance. Badaboum, ça commençait cependant plutôt mal avec une grosse peignée des familles, une défaite écrasante malgré une supériorité numérique presque surréaliste. Ladite grosse peignée consiste en effet en un siège monumental, mettant aux prises, le long de plus de 50km de fortifications, près de 400 000 hommes. Autant dire : un sacré bordel, du type de ceux qu’on ne retrouve pas à tous les coins de rue, du type de ceux qui laissent des traces dans le sol difficilement équivoques. Les « débats » qui ont alors émergé autour de ce siège historique ont très vite essentiellement porté sur la question de la localisation du lieu de la bataille, et donc sur la question de la localisation de l’oppidum d’Alésia, « oppidum » (= site fortifié de hauteur) des Mandubiens.

Je vous le dis de but en blanc, sans détour et sans chichi : ce débat est en réalité clos pour l’immense majorité de la communauté scientifique française – non seulement – mais aussi internationale. Non pas qu’il s’agisse d’une question de démocratie scientifique et que majorité fait loin, non. Il s’agit simplement de définir ce qu’est une science et l’histoire et l’archéologie en sont deux : elles sont fondées sur la falsifiabilité popperienne, la vérifiabilité, les outils, méthodes et données récoltées permettant ensemble d’examiner les traces et d’en fournir une interprétation proportionnée à l’importance relative de chacune d’entre elles, de confronter ses résultats à une communauté examinant sur pièce les mêmes documents, citant la bibliographie et produisant clairement les modalités d’établissement de son travail, qu’il relève de l’ecdotique, de la fouille stratigraphique, de l’archivistique, ou de tout autre procédé d’obtention et d’analyse documentaire. Ce débat sur Alésia était en passe d’être fermé depuis un bon siècle, mais fut définitivement fermé par des fouilles franco-allemandes sur le site d’Alise Sainte Reine dans les années 1990, qui ont produit plusieurs certitudes : l’intégralité des travaux de fouilles menées dans les années 1860 ont bien mis au jour la trace de travaux de sièges de l’époque césarienne, ils sont bien contemporains de la Guerre des Gaules, ils ont bien impliqué des Celtes de toute la Gaule et des Germains et se sont déroulés sur une vaste zone entourant le Mont Auxois, et la publication des fouilles menées il y a un peu plus de 20 ans est accessible à tous. J’y reviendrai.

Pour autant, depuis les années 60, un petit groupe d’irréductibles s’obstine à affirmer haut et fort qu’Alésia n’est pas où elle est, mais bien tout à fait ailleurs, ceux-là, disciples d’un archiviste un peu auto-proclamé archéologue nommé André Berthier, avancent qu’il n’y a rien à Alise Sainte Reine qui permette de conclure et qu’en fait tout est dans le Jura, sur le site de Chaux-des-Crotenay (pour ne citer que le plus tristement célèbre). Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Leurs arguments ? Pourquoi tout ça ? Nous y reviendrons.

L’histoire du bordel, quand même :

Avant le XIXe siècle, personne ne débat vraiment de la localisation d’Alésia à Alise : dès le IXe siècle de notre ère, aux alentours de 865, un moine, Héri de Saint-Germain d’Auxerre, dans son récit portant sur la translation des reliques de Sainte Reine d’Alise jusqu’à Flavigny fait explicitement le lien entre Alise et le siège mené par César. La figure de Sainte Reine témoignerait selon lui d’une tradition hagiographique locale qui remonterait au Ve siècle, à l’époque où le nom du lieu semble avoir été – y’a pas de secrets – Pagus Alisienses, le « ~pays~ des Alisiens ». La traduction du mot Pagus a toujours été compliquée si je ne m’abuse, elle correspond à une réalité juridique difficilement définie, ça semble en tout cas avoir été une forme de fraction territoriale au sein des civitates (les cités) du monde romain d’occident, quand on se penche sur l’histoire des territoires des Lingons et des Eduens, aux frontières desquels se trouve Alise, on constate en fait que les Mandubiens n’ont jamais obtenu le droit de cité au sein de la province, peut-être pour sanctionner le fait qu’ils avaient accueilli l’armée de Vercingétorix : Alésia est toujours restée une subdivision au sein d’une autre cité gallo-romaine, sans autonomie pleine au niveau de la gestion locale des affaires et ayant ainsi conservé le gentilé des occupants de l’oppidum devenu ensuite agglomération romaine aux nombreux sanctuaires connus et fouillés depuis plus d’un siècle.

Héri, qui n’était pas con, était un élève de Loup de Ferrières, abbé, érudit, donc pas con non plus, qui avait redécouvert une copie transmise par le temps du texte de la Guerre des Gaules de César. Traditions locales et érudition antique ont donc convergé dans ce brillant neuvième siècle de « renaissance carolingienne » comme on l’appelait parfois. C’est précisément cette survivance qui mit la puce à l’oreille des fouilleurs au XIXe siècle, mais ils n’étaient pas les premiers : au XIVe siècle, l’érudit Florentin Giovanni Villani décrivait dans sa chronique du siège de Montecatini les « ouvrages et l’enceinte des fossés et des chevaux de frise dont on lit que Jules César les a faits au castel d’Alise en Bourgogne, et dont on voit encore l’enceinte […] ». Dès la renaissance, dans les toutes premières éditions imprimées du texte latin de César, on ajoute fréquemment à l’oeuvre des cartes de la Gaule. Sur la plupart d’entre elles, le territoire des Mandubiens est localisé et indiqué comme étant celui de l’Auxois, aux confins du territoire des Lingons et des Eduens. Les rares exceptions de l’époque sont souvent fantaisistes, comme l’est la carte de Jean-Pierre des Ours de Mandajors, qui situe Alésia à Alès dans le Languedoc sur la base de la ressemblance phonétique entre les deux noms de lieux.

Si les premiers relevés topographiques du site ont lieu en 1755, les premières fouilles ont lieu en 1784 : Pierre Laureau, écuyer du comte d’Artois, effectue des fouilles au Mont Auxois à Alise Sainte Reine. Il met au jour des monnaies, nombreuses, et des inscriptions. En 1839, coup de pot, une inscription sort. Cette dernière (Corpus Inscriptionum Latinarum, XIII, 2880) mentionne « In Alisiia » en fin de texte. A Alésia.

Le débat linguistique s’est ouvert pour savoir si le radical Alis– était courant ou pas, ce qu’il voulait dire ou pas, mais en tout état de cause, cette fois, la toge cède devant la pioche : une inscription en pierre voyage mal, surtout quand elle est censée être lue à l’endroit où elle a été installée pour être vue, parce que son texte fait sens avec le lieu, ici, un sanctuaire à une divinité Ucuetis, vénérée par une corporation d’artisans métallurgistes. L’hypothèse d’Alaise, village voisin dont le nom est très proche d’Alise, est rapidement abandonnée : malgré la proximité toponymique, il n’y a rien de daté de la fin de la République romaine / la Tène finale, il y a surtout des trucs de l’âge du Bronze. Bref.

La première grande phase de recherches systématiques (et non ponctuelles) commence sous Napoléon III. A l’époque, en parallèle des fouilles à Alaise, on trouve de même à Alise un dépôt d’armes de l’âge du Bronze. A l’époque la typo-chronologie du mobilier est cependant floue et incite – erreur finalement productive – à fouiller à Alise Sainte Reine, sur le Mont Auxois, dès 1861. C’est Félix de Saulcy qui dirige les premières campagnes en tant que responsable de la « Commission de la topographie des Gaules » mise en place par l’empereur. Elles sont ensuite placées l’année suivant sous la direction du baron Eugène Stoffel. Malheureusement à l’époque, on ne fait pas publier en détail les fouilles et il fallut attendre les années 1990 et les travaux de l’équipe franco-allemande dirigée par Michel Reddé pour que les archives redécouvertes dans les années 1950 soit exploitées d’une part et que l’implantation des tranchées de sondage napoléoniennes soient retrouvées, refouillées et poursuivies. On comprend alors que ces dernières avaient de fait bel et bien intercepté d’immenses structures de circonvallation et de contrevallation autour du Mont Auxois (on parle de plusieurs dizaines de kilomètres de structures d’enfermement hein, pas juste la petite bicoque au fond des bois), attestant avec certitude la présence d’un siège considérable à l’époque césarienne. Les photographies aériennes alors effectuées sur le site d’Alise par René Goguey montrent clairement l’emplacement des fouilles napoléoniennes et les fossés de siège interceptés, dont la marque se voit encore dans les champs (je vous invite à taper dans google « prospection aérienne archéologie » vous verrez c’est magique ce qu’on peut faire quand les plants sont mûrs à la fin de l’été juste avant les moissons et en lumière rasante).

Une petite idée : en haut la photo aérienne (prise par René Goguey, 25 juin 1990) montrant sous la végétation des structures en creux ayant modifié la microtopographie et de fait la phytographie (façon dont poussent les plantes du fait de facteurs d’humidités et de nutrition différents), en bas, le tracé repassé (rapidement, j’ai pas que ça à faire) des fossés du camp présumé de Titus Labiénus (on l’appelle ainsi car on a trouvé en y fouillant une balle de fronde en plomb inscrite de son nom « T. LAB »), un des lieutenants de César.

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Revenons au XIXe donc : la commission des fouilles effectue entre 1861 et 1865 pas moins de 282 « coupes » (i.e : des tranchées transversales interceptant les fossés dans leur largeur pour en obtenir le profil et la stratigraphie de comblement), surtout dans la plaine des Laumes et vers le lieu-dit Réa. Des plans sont réalisés, des planches sont éditées. L’objectif des fouilles se précise : déterminer le plan général des contrevallations, retrouver les camps des légions, et rechercher les dispositifs de défense. Pour préciser le vocabulaire : lorsque César assiège Alésia, il ne se contente pas de planter des tentes dans la plaine et « yolo on attend que ça se passe ».

César est un fin connaisseur de l’art du siège, de la poliorcétique, ça fait un petit paquet d’années qu’il fait la guerre dans la région et qu’il assiège places fortes sur places fortes avec ses légions désormais bien expérimentées et rompues à l’exercice. Au Mont Auxois, il sait que plusieurs dizaines de milliers de celtes sont réfugiés derrière un épais rempart (un « murus gallicus » pour être précis, type de fortification prisé par les Celtes et que César décrit in extenso dans son ouvrage), impénétrable au bélier, posé sur une hauteur et donc bien défendue. Il enferme donc l’oppidum par une double ligne : la première regarde l’oppidum, avec des grands fossés, des « trous de loups » et divers éléments destinés à briser les charges d’infanterie et de cavalerie, c’est la contrevallation. L’autre, à quelque distance plus loin, regarde vers l’extérieur. Pourquoi ? Car César sait pertinemment que Vercingétorix ne va pas se laisser enfermer comme un pigeon et qu’une armée de secours finirait bien par arriver. Il double donc son dispositif en créant un couloir de sécurité pour établir son siège, c’est la circonvallation, avec à des endroits stratégiques, des camps pour parquer ses légions et sa cavalerie. Bilan des courses : une fortification regarde Alésia. Une autre regarde à l’opposé. Les deux forment un couloir pour la circulation des troupes qui sont aussi retranchées dans des camps reliés par le système d’encerclement. Autre bilan : César fait bâtir ici plus de 35km de fortifications pour étrangler les assiégés et protéger ses troupes qu’il sait en infériorité.

Voilà à peu près (ce n’est pas le plan archéologique au centimètre près mais il est facile à regarder) comment ça se situe à partir des fouilles réalisées à Alise :

Planimétrie reconstituée du siège d’Alésia à partir des fouilles du Mont Auxois.

De plus, la commission des fouilles s’intéresse aussi au système défensif des assiégés : ils mettent au jour des parties de l’enceinte gauloise et des puits. Les fouilles sont interrompues par les guerres de la fin du régime impérial (défaite de Sedan, tout ça tout ça), et ne reprennent que plus tard, début XXe siècle. Dès 1905, Emile Espérandieu débute ses fouilles régulières sur l’oppidum d’Alise. D’abord limitées, il intensifie les fouilles progressivement. A l’époque il pense pouvoir identifier plusieurs destructions du site, dont une sous César et d’autres postérieures. En réalité, de bonne foi, Espérandieu fait face à une situation stratigraphique qu’il comprend mal, et les fouilles de la fin du XXe siècle et les travaux de Joël le Gall démontreront qu’il n’en était rien, et qu’Espérandieu, avec les moyens de son temps, avait mal compris le phasage du site. En 1908, Jules Toutain reprend le bébé jusqu’en 1958. A cette période là, c’est surtout la ville gallo-romaine, postérieure au siège, qui est exhumée, attestant de la présence d’un théâtre, d’un espace public ressemblant à un forum et à une basilique civile, d’édifices de cultes, d’ateliers métallurgiques, et d’une ville romaine à plein titre. La thèse d’Alaise est à l’époque définitivement réfutée. A la même époque, à la fin des années 1950, Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu démontre que les monnaies découvertes à Alise et contemporaines du siège de César sont 1) authentiques, ne pouvant avoir été déplacées et arrangées pour « correspondre » à un assemblage idéal pour falsifier le site, au regard des connaissances en numismatique qui étaient établies sous Napoleon III 2) qu’elles contiennent notamment en leur sein des émissions monétaires de crises, dites monnaies obsidionales, monnaies coulées à la hâte, monnaies de laiton ou d’orichalque frappées avec des coins servant d’ordinaire à frapper des monnaies d’or servant à remplacer temporairement une émission de métal précieux en guise de contremarque pour un paiement ultérieur. Alise est donc le seul endroit en dehors du territoire Arverne à documenter la présence de monnaies de Vercingétorix, qui plus est des émissions particulièrement liées à une situation disons… tendue. La sortie des archives de fouilles du Second Empire enfonce le clou : malgré l’époque, elles s’avèrent minutieuses, bien menées et surtout révèlent des résultats pour le moins manifestes. C’est Joël le Gall encore qui publie en 1974 les fameuses tessères (jetons de plomb) portant le nom des Alisienses, habitants d’Alésia.

Entre temps, un archiviste paléographe – André Berthier donc – en poste en Algérie française entend démontrer que, depuis les origines, tout le monde se trompe. Retraduisant César (à sa sauce), il considère qu’il faut suivre le texte au pied de la lettre en tout point, et qu’Alise ne correspond pas à la description d’Alésia. Il dresse donc un modèle théorique, une vision standardisée de ce que devrait être Alésia, qu’il résumera dans les années 80 en « 40 points » (un peu comme les 14 points de Wilson mais en plus nul et en plus long). Son modèle, son portrait-robot pour reprendre le nom qu’il lui avait donné, invaliderait Alise. En réalité, cette méthode hypothético-déductive relève des problèmes de méthodologie évoqués en introduction : le texte ne dit pas tout, d’une part, d’autre part, il dit parfois volontairement autre chose, ou mieux, il dit parfois des choses dans un but spécifique, que l’archéologie peut tendre à prouver comme étant une déformation. Cette méthode présente un grand problème méthodologique : au-delà de se baser seulement sur une traduction forcée et volontairement biaisée du texte césarien, elle produit 300 sites correspondant aux critères topographiques de Berthier. C’est dire déjà le flou dont fait preuve ce bon vieux Jules dans ses propres écrits. Mais on y reviendra. Berthier au moment de ses premiers « travaux » sur Alésia n’a encore jamais foutu un pied sur le site, puisqu’il est en Algérie jusqu’à l’indépendance en 1962. Qu’à cela ne tienne à son retour en France il se procure des cartes militaires, et parcourt un peu le territoire à l’œil, et désigne le site de Chaux des Crotenay / Syam comme étant l’élu, le Graal. Berthier, pas archéologue pour deux sous, demande quand même des permis de fouilles aux Antiquités Nationales : on lui refuse systématiquement, pour une raison simple : son équipe et son projet n’ont absolument pas les compétences nécessaires pour mener à bien une campagne de fouilles archéologiques sérieuse, scientifiquement fiable, et surtout qui serait suivie d’études spécialistes et de publications honnêtes. Vexé comme un pou, il crie au complot, et s’en va chouiner dans les jupons d’André Malraux qui cède à l’ancien fonctionnaire d’Algérie, et lui fait autoriser quelques campagnes de « sondages » (fouilles en tranchées destinées à intercepter des vestiges de manière transversale, en gros). Je vais le dire vite parce que ça fait du bien : Berthier a « fouillé » jusqu’en 1972, n’a jamais été fichu de produire un rapport de fouilles décent, il a probablement plus endommagé le site qu’autre chose, n’a jamais rien compris à la stratigraphie, ses relevés sont des visions de l’esprit assez cocasses, ce dernier voyant dans des grosses pierres aux formations naturelles des « menhirs zoomorphes », incapable de différencier des édifices médiévaux d’édifices de l’époque républicaine romaine, faisant passer 3 clous de sandales de légionnaires pour la preuve de la présence de plusieurs dizaines de milliers de guerriers (je n’invente rien), incapable d’employer un vocabulaire archéologique adapté, versant dans une emphase presque grotesque (des murs « cyclopéens » comme si on était à Mycènes quoi), voit des temples celtiques en pierre sèche là où il y a en fait des étables ou fortifications celtiques là où il y a en fait des murs d’épierrement de champs et des terrasses agricoles modernes. Bon j’avoue je vous la fais courte mais j’essayerai de développer plus loin : Berthier s’est drapé pendant presque 50 ans dans la conviction sincère – mais furieusement erronée – d’avoir trouvé quelque chose, alors qu’il ne voulait simplement pas admettre que cette fois, le texte n’était pas la vérité absolue. Il n’était pas à son coup d’essai dans cette posture de génie brimé, ayant déjà tenté la même chose pour la localisation de la Cirta royale des Numides dans les années 40.

Du côté des méchants archéologues du complot, on continue cependant de travailler avec les méchants sousous de l’état complice : les photos aériennes prises par René Goguey au cours de nombreux survols d’Alise et du Mont Auxois révèlent progressivement tous les dispositifs de siège, les traces des tranchées de fouilles du XIXe, comme sur cette belle photo, hélas en noir et blanc :

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Las de tout ce bazar agité par Berthier, las de voir se « monter » (littéralement comme on forgerait un faux document) un nombre improbable de contre-Alésia fictives, le ministère de la Culture prend acte du fait qu’Alise est le site qui jusque lors a fourni le plus de résultats probants et examinables par la communauté scientifique et est indubitablement le meilleur candidat à un nouvel examen : il faut donc y refaire des fouilles encore plus poussées pour documenter à nouveau les vestiges du siège, selon des méthodes renouvelées par les développements de la science archéologique moderne, en plein boum depuis les années 1930, qu’à cela ne tienne et tant pis pour les obstinés qui refusent l’évidence autant que les preuves. La charge des fouilles revient donc à Michel Reddé et à Siegmar von Schnurbein, deux chercheurs de renom, fins fouilleurs, et connaisseurs avisés du texte, considérant ce dernier avec une démarche scientifique, critique, contextuelle. C’est donc sous la direction du ministère de la Culture français et de la Römisch-Germanische Kommission de l’Institut Archéologique Allemand que le programme de fouille débute en 1991. Il se termine en 1997, après de nombreuses campagnes de sondages, de fouilles plus grandes et de décapages en aire ouverte. Le premier bilan est présenté en 1993, à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Contrairement à Berthier qui lui était authentiquement infoutu de produire des plans corrects et de publier trois tranchées correctement, Reddé, Von Schnurbein, et leur équipe pluridisciplinaire produisent au début des années 2000 plusieurs volumes d’une grande qualité documentaire et bibliographique, présentant toutes leurs fouilles, publiant tout in extenso.

Quelques ouvrages de référence pour lire sur ces résultats, puisque je ne me fatiguerai pas à reproduire ce qui a déjà été écrit :

  • Reddé, M. et al., 1995. Alésia: fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du Mont-Auxois (1991-1997) / Ph. Barral, J. Bénard, N. Benecke…. – Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres : De Boccard, 2001. – (Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres). – Fouilles et recherches nouvelles sur les travaux de César devant Alésia (1991-1994), Mainz am Rhein, Allemagne: Philipp von Zabern.
  • Brouquier-Reddé, V., 1996. L’armée romaine en Gaule M. Reddé, ed., Paris, France: Éd. Errance.
  • Michel Reddé (dir.) et Siegmar von Schnurbein (dir.), Alésia : fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du Mont-Auxois (1991-1997), t. I : Les fouilles, t. II : Le matériel, t. III : Planches hors texte, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres », 2001
  • Maurice Sartre, « Alésia : la dernière bataille », L’Histoire, n°260,‎ décembre 2001, p. 58-61
  • Michel Reddé, Alésia : l’archéologie face à l’imaginaire, Paris, Errance, coll. « Hauts lieux de l’histoire », 2003, 209 p.
  • Michel Reddé, 2006. Alesia -vom nationalen Mythos zur Archa͏̈ologie, Mainz am Rhein, Allemagne: P. von Zabern.
  • Michel Reddé (dir.) et Siegmar von Schnurbein (dir.), Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Ostfildern, Thorbecke, coll. « Beihefte der Francia » (no 66), 2008, 365 p.
  • École pratique des hautes études, Deutsches archäologisches Institut. Römisch-germanische Kommission & Institut historique allemand, 2008. Alésia et la bataille du Teutoburg: un parallèle critique des sources M. Reddé & S. von Schnurbein, eds., Ostfildern, Allemagne: J. Thorbecke.
  • Reddé, M. et al., 2012. Alésia, Paris, France.

A ce moment là de la recherche donc, on pourrait s’attendre à ce que le débat soit clos : Reddé et Schnurbein prouvent que les fouilles faites sous Napoléon III étaient authentiques, plutôt rigoureuses pour l’époque, et avaient bien permis de mettre au jour un candidat plus que plus que très sérieux pour Alésia, ils découvrent de nombreuses armes, des inscriptions aux noms de lieutenants de César sur des balles de frondes, des camps de légionnaires, des trous de loups, des fossés, des remparts, des tours, etc. etc. : tout est publié. Et le débat fut bel et bien clos : l’immense majorité de la communauté internationale n’a plus émis dès lors le moindre doute. Le Barrington Atlas, référence absolue en topographie antique dans le monde anglo-saxon, place Alésia à Alise. Aucun manuel d’histoire militaire romaine ne le place ailleurs. C’est ce qu’on appelle un consensus collectif après examen éclairé des traces.

Pourtant. Pourtant depuis la mort de Berthier en 2000, Danielle Porte, ancienne MCF en littérature latine à Paris IV maintenant à la retraite, spécialiste de la religion romaine (et pas vraiment d’archéologie militaire), a repris le flambeau de son maître à penser. Arguant toujours d’un complot universitaire, elle se sert d’une association et d’un entourage de fidèles pour promouvoir ses thèses. Parmi les amis de cette association, on retrouve notre cher journaliste pseudo-historien Franck Ferrand. Pour elle, Chaux est Alésia, il n’y a rien à Alise et l’archéologie, c’est n’importe quoi tant que c’est pas elle qui la fait. En gros. Se drapant dans une fierté déplacée, elle affirme qu’on lui interdit de fouiller à Chaux des Crotenay de peur qu’elle y trouve des choses qui prouveraient que le Mont Auxois c’est du flan. C’est faux et c’est vrai. On lui interdit bel et bien de fouiller avec un permis officiel des services régionaux de l’archéologie. Mais c’est surtout pour éviter qu’elle massacre son propre site car son équipe n’est pas composée d’archéologues. Depuis 1983 pourtant, même sans permis de fouilles, Danielle Porte a tenté de mener ce qu’elle appelle des « recherches ». Une prospection pédestre (on parcourt le territoire en ramassant au sol les nombreux tessons de céramique remontés par les labours, l’érosion, etc.) avec étude du mobilier faite et payée par le CNRS a révélé que le site n’était… pas de l’époque de César. Une prospection LIDAR (on passe avec un avion qui envoie un signal laser à haute fréquence pour révéler la microtopographie d’un site, permettant de voir les fossés, remparts, tours, déclivités et massifs bâtis, même à travers un couvert forestier. Ça coûte une blinde, les résultats sont souvent merveilleux quand on sait les exploiter) a été payée rubis sur l’ongle par l’association dont elle est la figure de proue. Cette prospection n’a. jamais. été. publiée. Elle n’est accessible a personne, ni quant à ses données brutes, ni quant à ses protocoles d’élaboration et de traitement de l’image. De surcroît, un relevé LIDAR ne permet de présumer ni de la chronologie des éventuelles structures enfouies, ni de leur nature spécifique. Un LIDAR n’est pas une fouille, un LIDAR n’est qu’un instantané des anomalies de relief dans le sol, et il existe des centaines de situations pour lesquelles le résultat LIDAR correspond à tout un panel de possibilités de structures enfouies. Un LIDAR, tout comme la toponymie, n’est que rarement un argument suffisant en lui-même pour caractériser un site, et surtout, n’est qu’une étape préliminaire à un dispositif de recherche en profondeur, il n’est jamais un outil de conclusion définitive ! Et pourtant, Danielle Porte prétend y voir des tours espacées de 24m. Et pourtant Danielle Porte prétend que son résultat est incontestable. Mais publiez-le bon sang, qu’on en discute.

Donc disons le comme ça vient : il n’y a rien à Chaux des Crotenay de publié qui soit de nature à pouvoir contester archéologiquement un site documenté tel que celui d’Alise, et ce pour deux raisons principales 1) il n’y a rien de publié selon des normes scientifiques permettant un examen objectif des données par la communauté des céramologues, numismates, stratigraphes, géomorphologues, spécialiste d’histoire militaire 2) un dossier documentaire aussi faible que celui de Chaux ne peut pas s’ériger en somme invalidant par magie les données déjà existantes pour Alise, qui sont elles publiées avec des normes qui correspondent à ce qu’est une recherche scientifique et non un vague délire de fond de remise. Il n’y a rien à Chaux des Crotenay qui justifie que Danielle Porte mendie constamment des budgets publics en se plaignant d’être écartée par la science officielle : cet argent et ces financements sont déjà rares pour les gens sérieux, il ne semble pas vital de consacrer une part substantielle de budgets de laboratoires et d’unités de recherches compétentes pour qu’elle puisse fouillotter à charge, avec un résultat préconçu, tout en explorant en réalité quelque chose qu’elle ne sait pas comprendre parce qu’elle. n’est. pas. archéologue. Et qu’on le veuille ou non, l’identification d’un site de siège militaire ne peut pas se passer d’une documentation archéologique, quelle que soit le fond textuel à disposition a priori, qui ne se suffit pas à lui-même.

Les raisons et clés de fonctionnement du bordel

Alors, pourquoi tout ça ? Pourquoi autant de papier gâché (Danielle Porte se gargarise régulièrement d’avoir pondu des centaines de pages sur le sujet) ? Les raisons qui ont conduit à la prolifération de différentes « Alésia » sont multiples, et fourmillent d’oppositions dans lesquelles, pour reprendre la formule de Michel Reddé « la passion et l’anathème se mêlent ». S’il n’est pas un seul colloque international, un seul ouvrage d’archéologie militaire romaine qui ait remis en cause la localisation Alésia/Alise-Sainte-Reine dans la bibliographie, la question est tout autre en France où l’enjeu dépasse, de beaucoup, le domaine de la recherche archéologique scientifique en raison de la dimension symbolique que revêtent Alésia et Vercingétorix (comme expliqué précédemment). L’origine de la querelle a précédé de longtemps l’entreprise des fouilles napoléoniennes. Mais le débat a été perturbé par le caractère « officiel » de cette démarche organisée par celui qui était arrivé au pouvoir sur un coup d’État : la passion fut d’autant plus vive que l’ouvrage sur Jules César signé par l’empereur allait forcément établir la vérité officielle, et par conséquent entachée de suspicion et truquée : « on n’a jamais rien trouvé à Alise-Sainte-Reine » et « tout a été inventé pour faire plaisir à Napoléon III » sont ainsi des reproches couramment faits à l’encontre des fouilles d’Alise Sainte Reine, malgré les résultats incontestables vérifiés dans les années 1990.

Phénomène exclusivement français qui participe de la légende d’Alésia, d’autres « Alésia » ont donc surgi en même temps qu’Alaise ou à sa suite, parmi lesquelles se sont surtout illustrées : Izernore (Savoie, 1857) ; Novalaise (Ain, 1866) ; Aluze (Saône-et-Loire, 1906) ; Salins (Jura, 1952) ; Syam-Chaux-des-Crotenais (Jura, 1962) ; Guillon (Yonne, 1984). Ces Alésia franc-comtoises / jurassiennes ont pour origine – entre autre – un texte de Dion Cassius, sénateur et historien romain, écrivant en grec, postérieur de presque trois siècles à la bataille (il termine son oeuvre vers 230 ap. J.-C. en gros), dont la traduction – souvent erronée – modifierait légèrement la chronologie et la situation d’une bataille de cavalerie – antérieure au siège – autorisant l’hypothèse d’un site franc-comtois, alors même que la phrase reste d’une grammaire simple qui n’entre pas en désaccord avec sa correspondante dans le texte de César (je vous renvoie pour cela aux écrits de Michel Reddé, je ne parle pas un latin ni un grec exemplaires, mais tous les conflits de traduction ont été réglés par des spécialistes intelligents). En bref, donc, une traduction divergente d’un texte postérieur de trois siècles à la bataille a incité localiser le siège d’Alésia bien plus à l’est et non pas à la frontière entre Lingons et Eduens.

Disclaimer : le débat et la critique scientifiques sont le fondement de toute démarche de recherche et de diffusion du savoir produit. C’est à dire que même les fouilles d’Alise Sainte Reine doivent être l’objet d’une lecture attentive. Il n’est pas concevable de faire de la recherche en refusant de laisser ses travaux être livrés à un examen minutieux par ses pairs, c’est même souvent un gage de qualité. C’est d’ailleurs précisément pour ça que Lorànt Deutsch n’a jamais accepté d’être critiqué : il estime que son travail – qui n’est pas de la recherche – doit être pris comme il est avec ses imperfections, parce qu’il est « passionné ». Et c’est pour ça que Danielle Porte ne publie pas ses données, ni celles de Berthier : parce qu’elle sait qu’elle devra affronter la critique face à la qualité globalement merdique de 50 ans d’un travail ni fait ni à faire. Non. Ca ne marche pas comme ça : c’est précisément quand la passion est en jeu qu’il est nécessaire de faire preuve de précautions. Or le problème du débat sur Alésia, et des « Anti » c’est précisément qu’il n’est qu’un faisceau de passions : les « Pro » (Alise), travaillent depuis 150 ans sur un site qui était à l’origine un candidat indiqué par les données antiquaires, une première fois révélé par les fouilles des années 1830, puis les grandes fouilles des années 1860, travaux ayant ouvert des recherches sur le mobilier pendant 90 ans (épigraphie, céramique, armement, numismatique), à charge et à décharge, confirmés une nouvelle fois dans les années 1990 par de nouvelles fouilles. Les « Anti », eux, s’acharnent depuis la même époque à non pas créer une recherche méthodique et de qualité sur leurs propres « Alésias », mais à démontrer par le menu (et surtout par des procédés rhétoriques et alogiques qui méprisent globalement les règles de l’archéologie, de la philologie, et de l’histoire), qu’Alise Sainte Reine ne PEUT PAS (c’est mentalement inconcevable) être Alésia, comme s’il s’agissait d’une plaidoirie d’avocat dans laquelle la passe d’arme démontre juridiquement quelque chose au sujet d’un accusé, au lieu d’essayer de prouver par la minutie de travaux modernes que leurs sites sont au moins des candidats aussi potentiels qu’Alise. En général, les arguments des « Antis » fonctionnent tous de la même manière :

La principale méthode des antis est la suivante : citation(S) en latin de la Guerre des Gaules -> Traduction mauvaise mais faite pour faire coller à un site autre que Alise / ou bien, faite pour invalider par pseudo-logique formelle celui d’Alise -> Biais de confirmation prouvant qu’Alise ne peut être Alésia et que donc il faut la chercher ailleurs -> Mise en avant d’arguments topographico-textuello-fantasmatiques sur un random site du Jura -> Bim, c’est le site du Jura (souvent, c’est Chaux des Crotenay)

Des arguments de ce genre, on en trouve des dizaines chez les « Antis » : parfois ils font parler César en mètres, parfois ils poussent de mauvais latinistes à s’improviser stratèges en chambre pour se ré-imaginer les mouvements de troupe concernant 240000 personnes, parfois ils tracent des lignes droites un peu comme ils veulent dans des plaines pour dire que les distances sont bonnes ou non, parfois ils omettent sciemment que le texte de César n’est ni une description précise au centimètre près, ni un exposé objectif et scientifique de la bataille. Ces gens là, en pensant décortiquer scientifiquement chaque phrase de César et en leur appliquant une lecture littérale, commettent plusieurs infamies à l’égard du petit Jules : Caius, il écrit pas pour beurrer des biscottes et faire plaisir à André Berthier. La composition de son récit procède d’une entreprise politique beaucoup plus vaste, celle de convaincre le Sénat de Rome, et notamment Cicéron – avec qui il correspond pendant la guerre -, que sa guerre est juste, qu’elle est faite dans les règles des pouvoirs civils et militaires qui lui sont conférés par le Sénat et le peuple romain. De fait, César s’adresse donc à une aristocratie romaine qui pour beaucoup n’a jamais vu un siège de sa vie, ni même une bataille un peu impressionnante, et à ce titre, il reprend des modes de composition littéraires censés parler à des gars comme Cicéron qui sont pas des militaires chevronnés (voire même des pantouflards hein). C’est un peu comme si demain vous écriviez un roman historique sur une guerre au Moyen Âge : il y a fort à parier que lorsque vous décrirez une charge de cavalerie, des intertextualités se forment entre vos connaissances et votre imaginaire ; vous songerez à la charge des Rohirrims dans le Seigneur des Anneaux, par exemple, à ou à tout autre film de chevalerie / médiévaliste qui vous donnera des moyens d’imaginer ce que c’est. Bon et bien César, c’est parfois un peu pareil : il parle à des gens qui pour beaucoup n’ont jamais vu une bataille, il emprunte donc dans son Bellum Gallicum au genre du récit de siège tel qu’il existe dans les mémoires de l’aristocratie romaine, biberonnée de sources grecques plus anciennes, au sujet d’Alexandre le Grand, de Marius, de Scipion, etc. De plus, ces arguments-là se contredisent parfois entre eux : tantôt, César serait si précis qu’on retrouve au mètre (ou pas) près les structures / formes du paysage sur des alter-sites (optimistes quand n’importe quel étudiant en archéologique sait qu’érosion des structures, évolution des paysages, et réoccupations postérieures ont tendance à modifier la topographie et la conservation des structures) ; tantôt, il est en fait flou donc ça invalide Alise. Faudrait savoir : César est-il un maniaque du détail tant et si bien que ça prouve X site ? Ou bien est il trop flou tant et si bien que ça invalide Alise ? Et bien en fait aucun des deux : de nombreuses études ont été faites sur l’art de la déformation par César, notamment par Michel Rambaud dans un splendide ouvrage de 1954 : « L’art de la déformation historique dans les Commentaires de César« , dans lequel il analyse toute la stratégie littéraire déployée par Julio, non seulement dans la Guerre des Gaules, mais aussi dans les Commentaires sur la Guerre Civile, pour convaincre son lectorat et dresser un portrait flatteur de ses actions.

Autre méthode : celle de la stratégie de chambre. On invoque simplement encore des arguments de topographie pour dire qu’Alésia était une mauvaise situation. En gros : puisque Vercingétorix est le premier des Français, il ne peut pas être débile. Donc s’il a perdu, c’est à cause de César et pas d’un mauvais choix. Or, pour eux Alise est un mauvais choix car mal défendu. Donc il faut imaginer un site beaucoup plus « puissant » (pour un topographe de chambre), beaucoup plus défendu (pour un topographe de chambre). Encore une fois les idées préconçues sur la guerre romaine entrent en conflit avec le réel :  pour eux, César aurait DU IMPÉRATIVEMENT se diriger dans le Jura (toujours sur la base d’une mauvaise traduction latine), pour essayer de passer par la Suisse depuis Langres. Argument remarquable évoqué : la fuite de Benjamin Constant vers la Suisse pendant ses déboires révolutionnaires l’aurait fait passer par Chaux des Crotenay depuis Langres. Bon, après tout si Benjamin Constant y était arrivé avec les routes du XVIIIe siècle, pourquoi César n’y serait pas arrivé avec les routes celtiques du Ier siècle av. J.-C. ? Vous pensez que je caricature ? C’est un argument qu’on retrouve pourtant texto sur Wikipédia et dans la littérature des « antis », qui ignorent en fait tout des décennies de travaux sur 1) les routes celtiques 2) les fortifications de la fin de l’époque de la Tène 3) Benjamin Constant, en prime. Dans la même veine, les « antis » analysent tous les choix de tactiques de Vercingétorix et de César (décrits exclusivement par César) et font parler les morts, rejouent le match, pour savoir qui de l’un ou de l’autre fait le bon choix au bon moment (en connaissant l’issue de la bataille, c’est facile), pour ensuite appliquer un choix tactique à la topographie : telle fuite de cavalerie de Vercingétorix signifieRAIT que tel camp trouvé à Alise ne peut pas être celui de César DOOOONC Alise ne peut pas être Alésia. Telle indication de temps de fabrication du des fortifications de César est incompatible avec le couvert forestier des environs d’Alise (qui a bien sûr toujours été le même depuis 2060 ans hein), DOOOONC Alise ne peut pas être Alésia, alors que pourtant César dit explicitement dans la Guerre des Gaules qu’il envoie ses troupes se risquer en dehors du siège pour prendre du bois, d’une. Alors que des études paléoenvironnementales ont été réalisées à Alise pour retrouver l’étendue du couvert forestier antique de la zone du Mont Auxois : c’est possible, de deux. Ca ne confirme rien de manière impérative avec une étiquette, mais Alise reste possible, c’est comme ça. César aurait-il du s’aventurer dans le Jura ? Non, César n’est pas plus débile que Vercingétorix, mais il est plus expérimenté : il sait que s’enfoncer dans une région très accidentée, avec de nombreuses passes et cols exposés aux embuscades et au harcèlement est une erreur, toutes armées confondues. Alésia doit-elle être imaginée comme une forteresse inexpugnable ? Non : Chaux ne ressemble déjà à aucun autre oppidum de la fin de l’époque celtique (et les prospections ont bien révélé qu’il n’en était pas un), et des oppida on commence à en connaître une bonne ventrée. Par contre, à Alise, y’a un murus gallicus, il a été fouillé, c’est un rempart décrit par César au sujet des Gaulois, difficile à prendre car construit en pierre et en poutraisons de bois munis de grands clous, on ne peut ni y foutre le feu ni enfoncer ça avec un bélier, le tout est trop solidaire. Et il est inutile de parler de murs « cyclopéens » pour projeter ses fantasmes sur trois caillasses modernes dans un champ, il suffit simplement de savoir fouiller.

Pour les Antis, Vercingétorix et César sont mis sur un pied d’égalité tactique, militaire, et politique, et de cette égalité supposée, ils en concluent sur des choix tactiques et donc sur la topographie du site (stratégie de chambre, again, vous la voyez la fusée à 3 étages par biais de confirmation ?). C’est une erreur fondamentale : en 52, César est déjà un monstre de guerre. Il a déjà mené des campagnes cinglantes, éclair, notamment en Espagne, en Gaule il a déjà 6 ans de guerre derrière lui, ses dix légions présentes à Alésia sont très expérimentées, il a profondément participé au renouvellement de l’ingénierie et de la poliorcétique, grâce à Vitruve qui l’accompagne notamment (le fameux passage du pont sur le Rhin est parlant), et hérite aussi d’une longue science du siège acquise par les romains à Numance, à Carthage, à Cyzique, ou même bien plus tôt dans l’histoire romaine : il faut rappeler que Rome, avant de s’élancer à travers la Méditerranée et en Gaule, a dû se farcir la conquête de l’Italie qui est *couverte* de places fortes de type oppidum aux IVe – IIIe – IIe siècle av. J.-C., bref les Romains, et César surtout ne sont pas des lapins de six semaines. Vercingétorix lui, est jeune. Toute l’aristocratie des Arvernes ne le suit pas aveuglément : même son propre ONCLE se range du côté de César (qui a par ailleurs des alliés germains ET gaulois). Il rassemble des peuples celtiques à l’origine très désunis (les Gaulois ne forment pas une nation, c’est pas très différent des Grecs morcelés en cité hein), ils ne le sont pas moins sous son commandement, commandement qui est lui-même fragile. Vercingétorix est après tout livré par ses propres camarades et voué au sort que lui fera César après Alésia. Vercingétorix n’a pas ses meilleurs guerriers avec lui. Vercingétorix doit se passer d’une partie de sa cavalerie pour ne pas crever de faim avec 15000 chevaux à nourrir en plus des hommes (cavalerie qui s’était déjà faite maraver 2 fois dans les combats préliminaires au siège). Vercingétorix commande une armée formée de peuples qui n’ont pas mené de grand conflit depuis 70 ans (contre Rome encore à l’époque), qui sont démographiquement exsangues après six ans de guerre et de terre brûlée, tandis que César, bah César il dirige juste la meilleure armée du moment dans le monde antique : même si elle a faim à Alésia, comme elle a eu faim à Bourges / Avaricum, elle a une ligne de ravitaillement logistique, une ingénierie efficace, un entrainement professionnel, et elle est blindée de vétérans. Faut-il rappeler que la Guerre des Gaules n’est que le premier conflit d’une longue suite : César, entre 49 et 45, va littéralement traverser la Méditerranée en long, en large, en travers, et va foutre des pilées à tout le monde : en Egypte, en Asie, en Afrique, en Espagne, en Grèce. Tout le projet littéraire de la Guerre des Gaules s’inscrit d’ailleurs dans ce déchaînement de violence de guerre continue entre 58 et 45 av. J.-C. Vercingétorix et César ne sont donc pas sur un pied d’égalité, ni politique, ni militaire, au moment du siège d’Alésia. Partir de cette idée fausse pour démontrer qu’Alise n’a pas pu être choisie, ni par l’un, ni par l’autre, c’est déjà un point de départ faux dans le raisonnement, n’en déplaise à l’image écornée du « premier des Français ».

Autres raisons, développées en vrac :

  • Premièrement les partisans des théories des Alésia alternatives ont tous un profil intellectuel similaire : des latinistes (dont certains ont fait une petite carrière universitaire), des philologues, donc des spécialistes exclusifs du texte latin de César, qui n’ont jamais fouillé ou si peu, qui n’ont jamais suivi d’études d’archéologie stricto sensu, et qui refusent idéologiquement d’admettre qu’un texte puisse être contredit par une fouille archéologique. Pour eux, les armes cèdent devant la toge, pour faire simple.
  • Ces latinistes ont tous des traductions différentes – et peu rigoureuses en fait – du texte de la Guerre des Gaules pour leur faire situer l’Alésia théorique dont ils rêvent là où ils ont décidé qu’elle devait être.
  • Pour eux, intellectuellement, il y a refus de reconnaître les fouilles du Mont Auxois /Alise Sainte Reine comme valides, car elles sanctionnent une fois de plus la défaite de leur pratique dépassée des sources face aux fouilles modernes. En bref, des gens dépassés par l’évolution de l’archéologie professionnelle au XXe siècle, qui sont restés enfermés dans des pratiques historiques d’un autre âge.
  • Deuxièmement: quand l’aspect «épistémologique» n’est pas mis en avant, c’est l’aspect politique qu’il faut creuser. Pour eux le fait que Napoléon III, ce sale empereur putschiste, soit l’instigateur des fouilles à Alise Sainte Reine, jette le discrédit sur les résultats : tout a été falsifié par un pouvoir en quête d’un site emblématique qui serait le relais d’une idéologie impériale nationaliste. C’est oublier très vite que même avant Napoléon III on situait Alésia à Alise, et ce même au IXe (oui oui, NEUVIÈME !) siècle de notre ère, quand des religieux érudits gardaient ici le souvenir que l’endroit s’appelait encore Pagus Alisienses la fin de !’Antiquité.
  • Il y a une part de culte de la personnalité autour de l’auteur des théories sur Alésia : André Berthier, archéologue amateur autoproclamé (il était archiviste, il a juste profité de la guerre d’Algérie pour faire trois trous jamais publiés à Tiddis), génie du texte – encore une fois autoproclamé – qui depuis l’Algérie aurait produit son portrait-robot théorique du site parfait – à partir du texte de César pris dans son sens littéral absolu, sans le contextualiser ni le pondérer – et qui par magie tombe sur Chaux des-Crotenay / Syam et BADABOUM tout est faux depuis le début.
  • Tout ceci rejoint le premier problème: un profond refus de prendre en compte les progrès intellectuels et scientifiques énormes de l’archéologie de terrain, de plus en plus professionnalisée, efficace, et raisonnée. On tombe donc dans une dichotomie amateur brimé / archéologues officiels : ça fait pleurer dans les chaumières, donc ça marche.
  • La tune : ces gens là font de l’argent sur la vente de bouquins dont la clé d’intérêt est de parler de mystère et de complot. Ils font du fric en faisant visiter des faux sites ou y’a rien et utilisent par ailleurs des associations pour drainer des fonds publics.Et ça fait du fric d’avoir Franck Ferrand comme copain pour faire passer à la radio.

Autre problème et en partie raison de cet article, c’est le fait que ces partisans viennent foutre le bordel sur Wikipédia, générant des articles daubés sur Berthier, le décrivant comme le génie incompris, générant des pages dantesques de discussions absurdes dans lesquelles les mêmes arguments de Berthier sur la traduction de César sont ressassés : florilège donc des arguments anti-Alise et des réfutations de ces arguments par notamment un contributeur wikipédien, maître de conférence en histoire romaine, et épigraphiste, qui, et franchement c’est un sacrifice notable, a choisi ce jour là, il y a 2 ans, de répondre point par point à la cinquantaine d’arguments éternellement ressassés par les fanatiques de Berthier : « Argument » correspond au wikipédien siphonné pro Chaux – Syam, et « Réfutation » correspond à la réponse – parfois rude et cinglante – de notre cher MCF : https://www.dropbox.com/s/6k48t7uf5nycyff/Discussion%20Wikip%C3%A9dia%20-%20Al%C3%A9sia.docx?dl=0 c’est long à lire mais instructif, et c’est un exposé brillant des arguments depuis longtemps mis en oeuvre dans le débat.

Le problème de la survie de la polémique est d’abord médiatique : le fait est qu’en tout manque d’éthique et de déontologie journalistique, Franck Ferrand donne tribune à une personne dont l’incompétence archéologique n’a d’égale que son obstination à croire le texte supérieur en tout aux travaux de terrain, essentiellement pour tirer un revenu substantiel et publicitaire autour de la vente d’ouvrages de Danielle Porte que Ferrand préface et pour lequel il fait la promotion dans ses émissions.

Le problème de la survie de la polémique est aussi politique : avec la professionnalisation de l’archéologie, ces érudits revendiqués de seconde zone, des amateurs locaux, se sont vus relégués au rang de folklore de village. Tout le monde voit dans sa petite colline du Jura une Alésia, comme tout le monde voyait dans son abbaye en ruine le lieu de cachette du trésor des templiers, ou du Saint Graal, ou du Saint Prépuce de Jean Claude. Pour eux donc, inacceptable de se laisser remiser.

Le problème de la survie de la polémique est aussi sur internet : les fidèles des alterAlésia pullulent sur le Web. Ils ont des blogs, tous plus obscurs et désuets les uns que les autres, à qui ira de son montage paint pour dessiner des fortifications imaginaires, à qui ira de son coup de crayon pour poser un imposant oppidum avec des murs de 20m de haut sur son éperon rocheux, et enfin à qui ira de sa randonnée payante avec 50 touristes argentés pour leur montrer ce qu’ils veulent voire : ici le camp de Labiénus, ici le camp de l’armée de secours, ici là où Vercingétorix, premier des français a versé sa larme en se rendant.

Depuis 50 ans, les partisans des autres Alésias se fourvoient dans un renversement de la charge de la preuve : au lieu d’essayer de mener des travaux sérieux sur leurs sites, ils essayent de démonter par des procédés fallacieux le dossier Alise, sans même comprendre qu’ils racontent n’importe quoi par fanatisme. Ils considèrent que c’est aux fouilleurs d’Alise de prouver et d’admettre que c’est ailleurs. Mais bordel peut-on imaginer plus con ? Les gens qui cherchent correctement n’ont pas à donner leur temps, leur énergie, et leur argent (trois choses rares dans la recherche) pour s’essouffler à convaincre des délobés infoutus de dater trois céramiques dans des tranchées de fouilles. Par ailleurs, les archéologues (les vrais, pas Danielle Porte), ne sont pas idiots : tout chercheur, tout universitaire sait qu’il y a une renommée démentielle à se faire pour celui qui trouverait, avec une vraie fouille publiée incontestable, que le candidat Alise n’est finalement pas le bon, et qu’un autre site (Chaux ou un autre hein, jm’en fous perso) est en fait le lieu du siège de César. Pourquoi alors personne ne le fait ? Parce que tous les archéologues sérieux, même les franc-comtois les plus chauvins, savent qu’il n’y a rien à trouver dans le jura de comparable à Alise, et que dépenser des budgets de recherche précieux pour faire plaisir à Danielle Porte, c’est inutile : si on ne trouve rien, le complot sera le coupable de toute façon. La troisième bataille d’Alésia, c’est donc non plus celle des bancs de l’université, qui a de toute façon déjà été perdue par les « Antis ». C’est celle d’internet, des quelques journalistes peu consciencieux qui ont choisi de se servir de cette controverse – sans grand respect pour l’histoire et ses pratiques, de fait – et de la protection des plateformes collaboratives telles que Wikipédia contre les offensives complotistes.

 

20 commentaires sur “La troisième bataille d’Alésia

  1. yggdralivre dit :

    Bonjour,
    un article (parmi d’autres) vraiment intéressant. Vous n’oubliez pas de préciser l’aspect « à charge » de votre propos (un souci d’honnêteté plus qu’un outil rhétorique), vous resituer bien l’historique des fouilles et de la « problématique » liée au lieu et aux personnages, vous citez des sources… et vous taclez avec bonheur une bande de profiteurs ou de fanatiques au passage (et ça, ça fait un bien fou). Bref, merci beaucoup de rendre une discipline (l’archéologie donc) accessible et dynamique, et de remettre en perspective certains faits que l’on pense, parfois trop rapidement apparemment, « acquis ».

  2. Lecaillon dit :

    Quel plaisir, ce papier ! Merci. Et même si le ton n’est pas académique, quel petit moment de bonheur. Félicitations de ma part qui a eu le bonheur de fouiller à Alise en 1974 sous la direction de Joël Le Gall et du docteur Sénéchal, qui a le souci d’enseigner à ses élèves (oui je suis prof) la rigueur scientifique de la discipline, qui s’acharne à publier des travaux de recherche (oui, je cherche aussi) avec des notes (au grand dam de proches qui ne comprennent pas que je ne fasse pas des livres + vendeurs) faisant référence à mes sources, parce que la discipline ne vaut que si et seulement si nous donnons à nos lecteurs les moyens de vérifier ce que nous avançons. Merci encore pour le petit coup de patte à l’encontre d’un promoteur TV de roman national ! Je vais de ce pas faire profiter d’autres lecteurs de votre prose. J-F Lecaillon

  3. Têtard dit :

    Belle mise au point.

    N’étant pas archéologue mais intéressé en dilettante par le sujet, je dois reconnaître que les pro-Chaux ont quand même un argumentaire plus « construit » et « crédible pour le profane » que de nombreux zozos qui pourraient, disons, voire des parallèles entre les pyramides, la colline de Trouperdu-les-bains-de-pieds et l’Altlantide. Un exemple : leur site http://www.archeologie-alesia.fr/, pour celui qui n’y connaît rien, pose question. C’est pas mal torché, cela semble sourcé et il y a une certaine logique dans leur argumentaire.

    Bref, je l’avoue (en pénitence, j’irai me fouetter avec des orties fraichement coupées, promis), ils m’ont un moment fait douter.

    Mais, effectivement, ils n’ont jamais rien publié (au sens académique) et, pour accéder en accès libre à l’entièreté des sources disponibles sur leur base de donnée en ligne, ils m’ont demandé de payer une cotisation de 25€ à leur association. (j’ai refusé, je cherchais à me faire une idée claire du sujet, pas à adhérer à leur projet).

    Je ne suis pas un complotiste imaginant une archéologie officielle cherchant à étouffer je ne sais quelle vérité; cette absence de publications et le fait de réserver l’ensemble de leurs documents à leurs partisans m’ont complètement refroidit.

    • C’est là tout l’art des « Antis » Alise et des pro « autres sites » : ils font miroiter monts et merveilles avec des montages séduisants, des photos, des mystères, des milliers d’archives soit disant, et en fait derrière c’est pour encaisser 25 balles, et y’a rien du tout. L’association qui défend Chaux a payé un LIDAR 15000€ pour analyser le site.

      Jamais publié. 15000 balles utilisées pour un résultat qu’ils savent même pas exploiter, qui sera jamais présenté scientifiquement.

  4. Pierre dit :

    Merci pour cet article très agréable à lire: j’ai enfin des arguments clairs et bien ficelés que je pourrai réutiliser à l’occasion! Et une page internet à partager!

    En tant que philologue et historien (ça fait hyper-péteux de dire ça comme ça mais c’est pour que tu saches que je ne suis pas archéologue) et spécialiste de géographie antique (personne n’est parfait), je sais à quel point il est délicat de mettre à profit des sources littéraires antiques pour identifier tel ou tel site. Il est pour moi inconcevable d’aller contre les résultats du terrain si ceux-ci contredisent les textes: c’est une règle de base que tous les historiens devraient se mettre dans le crâne. Faut pas s’étonner si les archéologues nous prennent pour des troufions après…

    Le pire c’est la Géographie de Ptolémée avec ses jolies coordonnées: le nombre de publications pseudo-scientifiques clinquantes qui prétendent localiser telle île (genre Thulé, allons-y) en plaquant des traductions mal dégrossies [je passe sur les détails philologiques, de toute façon, ça ne les intéresse pas] sur des cartes topo modernes en grillant absolument toute méthode historique est juste prodigieux. Et c’est vraiment décourageant…

    En tout cas, encore merci et bonne continuation!

    • Merci pour votre retour ! J’espérais rendre cet article utile pour qu’il soit partagé lors des ultérieurs débats qui auront lieu sur internet à ce sujet, et visiblement certains sont d’accord avec l’idée !

      Il faut se rassurer en se disant qu’intellectuellement, tous ces gens ne pourront que s’asphyxier ou se contredire avec le temps, et qu’ils disparaîtront d’eux-mêmes 🙂

      • Zarathoustra dit :

        Une bonne théorie du complot ne disparait jamais, c’est là son génie diabolique. On peut toujours douter de tout, jusqu’à la fin des temps. Mais comme le sujet est quand même hyper-spécialisé, il n’y aura probablement plus au fil du temps qu’un « dernier carré » d’irréductibles pour continuer à se battre – et, surtout, s’en soucier. Comme la chute d’Alésia par attrition, finalement… 🙂

      • Alain BUNTZ dit :

        bonjour à vous,
        Je ne découvre que récemment le blog que vous animez, Le travail que vous proposez sur « la troisième bataille d’Alesia » est passionnant, vous avez réussi une synthèse d’éléments essentiels lorsque l’on veut comprendre pourquoi Alesia est à Alise Sainte Reine en utilisant tous les écrits, les travaux, les vols de René Goguey, les compétences en archéologie, en numismatique de scientifiques comme Joel Le Gall, Michel Redde…… Il faut dire que CESAR ne nous aide pas beaucoup par ce que l’on découvre comme détails dans le Bellum Gallicum……..en fin de compte la localisation d’Alesia est un vrai jeu de piste………….ce qui donne place aux faux scientifiques à la limite comploteurs au détriment de la vérité historique.

        L’élément clé qui mettrait fin à « l’énigme », c’est de localiser l’emplacement de la première bataille de cavalerie qui conduit tout droit Vercingetorix à Alesia. Aucun lieu proposé qui soit reconnu. C’est dommage, je pense que les recherches de ce côté n’existent pas, chacun a son idée, quelque fois un peu désopilant comme la proposition de J Carcopino qui agrandit la Séquanie bien au delà de la Saône.
        Un travail sur les parcours des deux armées dans leur chronologie aiderait à mieux comprendre le fil des évènements.
        Pour moi le dernier lieu connu (avant la bataille de cavalerie) des légions de Cesar et Labienus qui viennent de se regrouper se situe au sud de Sens.
        Pour moi le dernier lieu connu de Vercingetorix est Bibracte, oppidum Eduen (grand conciliabule entre les chefs des peuples gaulois préparant la grande attaque sur les légions de Cesar).
        Vercingetorix voulait défaire Cesar, l’empéchant de rejoindre la Province. Cesar aura parcouru depuis le senonais le pays lingon, se dirigeant vers le pays séquane qu’il pouvait longer le long de la Saône sans l’avoir traversée et rejoindre la province ( Vercingetorix avait même ajouté des renforts en la contrée des Allobroges…..pressentant le passage de Cesar.
        Je vois la bataille de cavalerie dans la vallée/cuvette de Montbard (à 14 km d’Alesia).
        Je ne comprends pas que certains avancent que Cesar arrivait de Langres sur terrain lingon certes en direction des Sequanes et placent la bataille de cavalerie au nord de Dijon (le Suzon n’est pas un flumen mais un ruisseau à plus forte raison en fin d’été lequel se situe à 60 km d’Alesia ( pour l’armée gauloise défaite, mini 2 jours de marche embarrassés par leurs impedimendata, ce qui ne correspond pas au texte de Cesar). A Montbard il y a la Brenne flumen au débit déjà conséquent).

        Pour moi jamais Cesar ne serait allé se fourvoyer dans le pays du haut jura avec sa cavalerie qui se serait fait prendre dans de multiples embuscades gauloises(ça c’est pour les pro Chaux de Crotenay………………..et vlan !!!

  5. MonsieurChoc dit :

    Merci pour cet article passionnant.
    Sa lecture m’a rappelé les difficultés qu’a connu l’archéologie des pays de la Bible pour aller vers la neutralité scientifique, avec cette lutte là-aussi contre les tenants du primat du texte.

  6. Etienne dit :

    Bien tourné cet article.

    Je farfouille pas mal sur le net – mais pas que – et c’est dûr de trouver un article sérieux sur Alésia.

  7. Hoffmann dit :

    Cette bonne vieille École des Chartes a produit de curieux spécimens au long de ses bientôt deux siècles d’existence mais j’avoue qu’André Berthier, dont je n’avais jamais entendu parler, en est un exemple particulièrement impressionnant.
    Peut-être une partie de l’explication du phénomène réside-t-il dans le contexte de son époque. En effet, beaucoup de directeurs d’archives départementales du XIXe siècle et de la première moitié du XXe (limites chronologiques approximatives) ont publié à partir des fonds dont ils avaient la charge. Or, on remarque que leurs recherches portaient essentiellement sur le Moyen Age ou, à la rigueur, l’Ancien Régime.
    Pendant longtemps en effet (cela n’a guère commencé à bouger que dans les années 80), l’époque contemporaine est restée le parent pauvre des études chartistes. Or, en Algérie, je suppose que Berthier avait en charge des archives des XIXe et XXe siècles. Loin de moi l’idée de suggérer qu’il s’en soit mal occupé mais cela ne devait guère le faire rêver, d’autant que ses premières publications montrent une formation de médiéviste. Dès lors, il a pu se tourner vers ce qui, dans son environnement, était le moins éloigné de ce qu’il aimait, à savoir l’Antiquité. De plus, il faut se rappeler que de son temps, les études médiévales ne laissaient guère de place à l’archéologie et que les sources écrites restaient reines, ce qui explique peut-être aussi son obsession textuelle (désolé, je n’ai pas pu résister…) appliquée à l’Antiquité, où elle devient d’autant plus ridicule.
    Dans un autre registre, il n’est pas étonnant qu’un « historien de garde » comme Franck Ferrand se soit emparé du sujet, qui se prête admirablement à la rhétorique frelatée de ces pseudo-historiens en leur permettant de dénoncer une prétendue histoire « officielle ». A rapprocher de la supposée première cathédrale de Paris selon « Métronome », qui aurait été préservée par un particulier et négligée des pouvoirs publics. La tâche que vous vous êtes imposé de corriger méthodiquement les occurrences d’Alésia sur Wikipédia est ingrate dans la mesure où la stratégie de ces individus est de semer le doute. Il leur suffit donc d’introduire des failles, alors que vous êtes tenu à une argumentation méthodique. Courage néanmoins!

  8. Etienne dit :

    Félicitation pour votre article, qui malgré le style volontaire, reste pondéré.

    Je balance en vrac quelques argument pour détracter les détracteurs. Les arguments des adhérents du complots tiennent à peine sur le papier, dès que l’on a dépassé la distorsion du texte latin, retranscrit X(?) fois par des copistes depuis 20 siècles.

    Les Romains sont en territoire Lingon, qui comprend l’actuelle Haute-Marne, une partie de l’Aube (le Barrois), l’Yonne (le Tonnerrois) la Côte d’Or (le Dijonais, le Lassois, le Duesmois) ……au bas mot, le territoire couvre 10 000 km²,

    César est en territoire Lingons mais où ? Il n’est mentionné nul part qu’il est dans la région de langres / Andematunum. Il peut donc partir de Châtillon-sur-Seine, Montbart, Langres, Bar-sur-Aube, etc.
    Donc techniquement il peut aussi bien emprunter la Via Francigena depuis Bar-sur-Aube pour aller vers la Province en passant par Lyon, ou depuis Langres en empruntant la voie romaine Langres-Besançon. La ‘précision’ de l’auteur du Bello Gallico est plutôt approximative.

    Les limites des différentes Civitas et pagi ne sont pas clairement établies et le pays Séquanes n’est pas uniquement centré sur le Jura. Il va « chez » ou « vers » les Séquanes, donc il n’y est pas, quelque soit la façon dont on tourne le texte.
    Séquanes est à l’origine des rivières/fleuves Saône, Saine, Seine…il va chez qui en fait ?

    « Par l’extrême frontière des Lingons » : ouest, sud, est, sud-ouest ? Avec ce genre de précision, on peut trouver plusieurs itinéraires et directions pour aller vers la Province depuis le territoire haut-marnais.

    Je ne revient pas sur les traductions du de Bello, mais géographiquement, le Mont Auxois n’a rien d’incohérent pour représenter une place fortifiée difficilement prenable. J’adore la photo prise de la plaine des Laumes pour montrer un pauvre mamellon. Sur le terrain, ce n’est pas la même : à pied ou un bagnole, l’accès au sommet du Mont Auxois est loin d’être aisé, s’élevant à 180m au dessus des vallées. Et avec un murus gallicus et une macéria, faut imaginer l’accès pour un fantassin équipé.
    A l’inverse si on prend le cas de La Chaux des Crotenay, c’est plutôt la construction de la circonvallation et contrevallation qui paraît irréalisable.

    De surcroît, si l’oppidum d’Alise ne paraît pas imprenable, pourquoi il y aurait-il eut un siège,avéré, mais postérieur à la guerre des Gaules ? En -52 il aurait été prenable, mais pas après ?

    Les fouilles archéologiques, subventionnées, ne permettent pas de mettre à jour tout les sites pourtant (re)connus, seuls les plus probants sont exploités.
    C’est sûr qu’à Alise il y a eut du pognon d’inversti (fouilles, publications, muséo-parc, …) mais c’est pas trop pour le tourisme ou la gloire de la Bourgogne : le pékin moyen va visiter la région pour les hospices de Beaune, le Palais des Ducs, les caves viticoles, voire même Guédélon, …A part les historiens, les archéologues et quelques curieux avertis ou non, ça n’intéresse pas grand monde, en fait. Donc, où l’intérêt de monter un complot ?

    Pour info, j’ai été visiter La Chaux, Alise, le mont Beuvrais, la Roche Blanche, Corent, Gergovie entre autres, les ‘musées’ attenants, lu tout ce que j’ai trouvé sur les rapports de fouilles, la numismatie, les forums, les reportages TV, les modélisations, … et je ne détiens pas LA vérité et ne suis pas bourguignon.

    Cordialement

  9. En vertu du droit de réponse de Madame Danielle Porte mise en cause dans mon article, son avocate, Me Dominique Sauret, m’enjoint de faire paraître le texte suivant:

    « La controverse sur Alésia, d’accord . Encore faut-il qu’elle soit exposée avec politesse et honnêteté, ce qui n’est pas le cas.

    Pour répondre aux allégations de Monsieur Salviani:

    * Jamais je n’ai organisé de fouilles clandestines, surtout en 1983, que ce soit du vivant d’André Berthier ou après sa mort, n’étant pas archéologue.

    * Jamais je n’ai reçu d’argent public pour l’association que je présidais, laquelle n’a jamais sollicité de quelconque subvention. Je n’ai donc pas fondé d’association « pour drainer des fonds publics».

    * Jamais je n’ai fait expertiser les objets du fonds Berthier, lequel est sous la garde de l’Association Archéojurasites et auquel je n’ai pas accès. L’affirmation « étude du mobilier faite et payée par le CNRS » est une diffamation et un mensonge. Les tessons du fonds Berthier n’ont pas été ramassés au hasard de « prospections pédestres », mais sortis de terre lors des sondages autorisés au camp Nord.

    * Jamais n’ai-je sollicité de « permis officiel des services régionaux de l’archéologie », et n’ai-je pu, donc, être interdite de fouilles, que, du reste, j’aurais été bien en peine de diriger.

    * Jamais n’y a-t-il eu de prospections en forme sur l’oppidum. Toutes les recherches de quelque importance ont été concentrées sur le camp Nord et sur la plaine. Les explorations sur l’oppidum sont des repérages de vestiges en surface.

    * Jamais Franck Ferrand n’a parlé à la radio de l’ouvrage Alésia, la Supercherie dévoilée qu’il avait préfacé, respectant ainsi « l’éthique et la déontologie journalistique » et ne tirant donc aucun «substantiel profit » d’une promotion qui n’a pas existé.

    * André Berthier, loin d’être « archéologue auto-proclamé », a fouillé Tiddis de 1940 à 1973, publié la somme de ses recherches sous forme d’un volume de 496 pages en 2000. L’avaient précédé 62 articles sur ses fouilles en Afrique du Nord, 7 livres dont 2 couronnés par l’Académie, 11 autres articles. Nous sommes loin de « trois trous jamais publiés ».

    * Passons sur la forme insultante de la phrase : « Danielle Porte ne publie pas ses données, ni celles de Berthier : parce qu’elle sait qu’elle devra affronter la critique face à la qualité globalement merdique de 50 ans d’un travail ni fait ni à faire». J’ai publié à ce jour 5 ouvrages sur la question d’Alésia : Alésia, citadelle jurassienne, 215 pages (2000), l’Imposture Alésia, 296 pages (2004), l’Imposture Alésia 2 : l’imaginaire de l’archéologie, 520 pages + 277 ill. (2010), Vercingétorix, 528 pages (2013), Alésia, la Supercherie dévoilée, 426 pages (2014). Le livre sur Chaux est à paraître en 2017. En comptant les articles, j’en suis à 2046 pages. Que serait-ce alors, si je publiais ! Aucune critique n’a jamais attaqué ces ouvrages, à croire que les Alisiens n’ont jamais lu ce que nous écrivions… ce qui est, hélas, le cas.

    Les qualificatifs de « délobés », d’« idiots » et de « charlatans » sont insultants, d’autant qu’ils proviennent de la plume d’un « chercheur » qui ignore tout des écrits qu’il critique et qui croit encore aux Séquanes de l’Ouest inventés par Jérôme Carcopino ; qui se fonde uniquement sur l’archéologie pour déterminer la localisation d’un site historique en méprisant le texte de César, alors que l’étude des textes par les historiens et les latinistes/hellénistes permet seule de fournir les éléments d’une recherche objective des critères que doit impérativement présenter ou ne pas présenter le site recherché ; qui se garde bien d’aborder l’archéologie d’Alise-Sainte-Reine, entièrement fausse et faussée, des tours aux pièges et aux fossés, en passant par les chiffrages, les périmètres ou les surfaces, les dispositions de camps, les artefacts, les monnaies, les péripéties du siège, etc.

    Si l’on veut prendre connaissance de mes autres remarques sur cet article de ce blog, on pourra consulter le mien janua52.blogspot.com dans le prochains jours.

    Danielle Porte »

    • Jacques Lepègue dit :

      Un article intéressant, parfois desservi par le ton qui se veut badin ou peut-être provocateur (mais je suis vieux… le naufrage a commencé).
      Je note avec intérêt que la réponse de Mme Porte ne fait pas référence à l’étude LIDAR, ni à ses résultats.

  10. Ismène dit :

    Un article très intéressant et plaisant à lire, merci pour votre travail et ce blog amplement documenté ! J’avais entendu parler de la controverse autour du site d’Alésia mais en ignorais la plupart des détails, ça fait du bien de lire des publications sérieuses et accessibles sur ces sujets polémiques.

  11. François Remise dit :

    Le livre de Daniel Porte « Alésia, la supercherie dévoilée » comprend en annexe une étude faite par Bernard Gay qui conclut qu’il est « humainement et matériellement impossible, même sous l’aiguillon de l’absolue nécessité » que César ait mené les travaux d’encerclement d’Alise-Sainte-Reine en moins de 3 mois. J’ai analysé cette étude et fait une contre-étude qui montre le contraire.
    La différence de résultat vient du fait que Bernard Gay utilise des cadences de travail ridiculement basses (pour les besoins de sa démonstration).

  12. Alain BUNTZ dit :

    Félicitations, merci de proposer une synthèse de l’ensemble du sujet sur la localisation de  » la bataille d’Alesia » à tous ceux qui sont passionnés de ce fait de l’histoire gallo-romaine. Vous avez travaillé le sujet, vous avez débusqué un maxi de références. il y a un écrit que nous ne connaissez peut-être pas « le blocus d’Alesia » par le capitaine F.Prevost dans google book. Vous avez raison de flageller tous ces hurluberlus qui laissent leur peu de capacités intellectuelles à chercher l’introuvable car inexistant….ils devraient le savoir, historiens, archéologues les plus érudits leur mâchent le travail….malgré tout les pro Chaux de Crotenay insistent, ne se lassent pas. Je voudrais vous faire part de l’appellation que je donne au héraut de la cause jurassienne, vous aviez compris ………le sublime Frank Ferrand qui nous régale sur le tour de France cycliste depuis 3 ans en lisant ses fiches………..donc, il mérite l’appellation de:  » Sapeur Camembert de Chaux de Crotenay « …..en référence à Georges Colomb, l’auteur du bouquin et aussi grand défenseur de la cause d’Alaise dans le jura, devenu le lieu de la bataille de la fin d’été -52 entre Vercingétorix et César, ceci à l’initiative de Jules Quicherat et sa bande d’intellectuels, Alphonse Delacroix , Georges Colomb…… Là où c’est moins bon pour notre journaliste/historien/archéologue/ consultant sportif/animateur télé/conférencier…..j’en ai sans doute oublié, ah oui ! latiniste reconnu…….c’est que notre cher Georges Colomb retourne sa veste quelques années plus tard et ne jure plus que par Alesia-Alise Sainte Reine. Les Quicherat, Delacroix et la clique laisseront tomber, il en sera définitivement fini d’Alaise/Alesia. J’ai la chance de me rendre souvent en Auxois, je me balade sur le site, j’aime beaucoup le lieu du camp de Cesar sur les collines de Flavigny………je scrute le sol espérant trouver un bouton du froc ou un clou des sandales du Consul Julius tout en observant en face l’oppidum Alesia et ses contours en rêvant que je suis dans « la bataille ».
    Cordialement, au plaisir de continuer à vous lire

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